Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/91

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Dans la pleine lumière où chaque trait s'anime
Elle avançait vers nous son visage sublime.
Et c'était l'idéal, pensais-je, que là-bas,
Malgré tout, l'autre encor ne réalisait pas.

« Enfin ! S'écria-t-il, cette fois, c'est bien elle !
N'est-ce pas, qu'elle vit ? N'est-ce pas, qu'elle est belle ?
Une âme plane aussi sur ma création,
Et ton cœur bat en moi, divin Pygmalion !
Qui donc a pu railler ton amour ineffable ?
Ta Galatée, ô grec ! N'était point une fable !
Ce n'est pas ta statue au marbre radieux
Qui s'anima pour toi sous le souffle des dieux.
Non. Mais ils t'ont permis, ton œuvre terminée,
De rencontrer alors la femme devinée !
— Celle-là, quant à moi, j'en reste convaincu,
Lui dis-je, n'est qu'un songe, et n'a jamais vécu.
Mais les autres, Centi ! Vous avez, je le jure,
Sous le soleil de tous vu passer leur figure !
— Où donc l'aurais-je pu ? dit-il. Mais que me font
Ces ébauches, d'ailleurs ! Dans leur néant profond
Qu'elles rentrent ! Voici la seule qui soit faite
Pour moi, l'évocateur, ou pour moi, le prophète !
Et maudits soient-ils tous, les pinceaux ! Je suis né
Trop tard, ou bien trop tôt. L'amour est condamné !
Car l'amour est au fond du royaume des rêves,