Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/93

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Périssent d'un seul coup mon génie et ma gloire !
Et vienne aussi la mort ! Je l'accepte, content,
Pourvu que je te voie une heure, un seul instant,
Et te parle, et t'entende, et t'admire, et t'adore,
O toi qui m'aimeras ! ô femme dont j'ignore
La pâtre et le nom ! Toi qui prends mon destin,
Et souris comme au ciel l'étoile du matin ! »
Je frémissais ainsi qu'un blessé que l'on touche,
Et mon secret déjà s'échappait de ma bouche ;
Derrière nous un bruit de pas, en ce moment,
Nous fit nous retourner tous les deux brusquement
Vers le vaste rideau qui recouvrait l'entrée.
Dans un angle une main, vive lueur montrée,
Avec un geste prompt l'écarta tout entier,
Repliant les anneaux sur la tringle d'acier.
Et debout sur le seuil, grande et noble statue,
Une femme était là, royalement vêtue,
Comme en un autre cadre, immobile, ses traits
Recouverts d'un long voile aux attirants secrets,
Pareille aux visions des nuits surnaturelles,
Qui, dilatant d'effroi les yeux fixés sur elles,
Fascinent les vivants par leur solennité.
Une femme était là, sûre de sa beauté,
Au maintien qu'aussitôt j'avais cru reconnaître,
Et vers qui, jaillissant de la haute fenêtre,
Comme pour un salut, ruisselèrent d'un bond
Les feux enorgueillis du soleil moribond.

A peine elle aperçut la peinture immortelle,