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Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/192

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S’enfoncent, et, tremblants, ayant dans leur paupière
Le gouffre, vision et disparition,
Dévidant l’écheveau, de la damnation,
Pendent au fil sans fin d’une chute éternelle ;.
Ceux-là râlent, saignant sous leur forme charnelle
Dans on ne : sait quel antre idéal et hideux !
Satan fait un coupable, et le ciel en veut deux ;
Adam et l’homme. Ainsi, comme il est impossible
Que, lorsque l’innocent-dans le monde visible,
Pour la faute d’Adam est puni sans pitié,
Lui, le vrai criminel, ne soit pas châtié,
Adam aurait été conduit devant le juge,
Et là, sombre, à genoux, sans espoir, sans refuge,
Sur le ciel formidable et tendu d’un drap noir,
Lié sur une claie, affreux, terrible à voir,
Sous l’éternité morne abaissant son front blême,
Adam l’ingrat, Adam, le coupable suprême,
Ajoutant tous les maux de sa race à ses maux,
Souffrant, tronc monstrueux, dans ses mille rameaux,
Ayant pour cri le cri qui sort de tous les langes,
Serait exécuté par des bourreaux archanges !
Il serait à jamais supplicié là-haut !
Les hommes, ses enfants, auraient dans leur cachot
Pour plafond le dessous de l’échafaud du père !
Ces étoiles qu’on voit parfois, dans leur repaire,
Par des fentes du ciel s’échappant et glissant,
Tomber sur eux, seraient les gouttes dé son sang !