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LIVRE I.

ils nommèrent l’un Osiris et l’autre Isis, deux noms dont l’étymologie se justifie. Osiris, traduit en grec, signifie qui a plusieurs yeux ; en effet, les rayons du soleil sont autant d’yeux avec lesquels cet astre regarde la terre et la mer. C’est ce que semble avoir voulu dire le poëte : « Le soleil qui voit et qui sait toutes choses[1]. » Quelques anciens mythologistes grecs ont donné à Osiris les surnoms de Dionysus et de Sirius ; de là vient qu’Eumolpe, dans ses Bachiques[2], a dit : « Dionysus a la face étincelante comme un astre » ; et Orphée : « Aussi l’appelle-t-on Phanétès Dionysus. »

Quelques-uns donnent à Osiris un habillement de peau de faon tacheté et brillant comme des étoiles. Le nom d’Isis signifie ancienne, rappelant ainsi l’origine antique de cette déesse. Les Égyptiens la représentent avec des cornes, pour exprimer la forme que prend la lune dans sa révolution mensuelle, et parce qu’ils lui consacrent une génisse. Ce sont là les dieux qui, selon eux, gouvernent l’univers, et qui nourrissent et développent tous les êtres dans une période de trois saisons, le printemps, l’été et l’hiver, saisons dont le retour constant forme l’ordre régulier des années. Ces deux divinités contribuent beaucoup à la génération de tous les êtres : Osiris, par le feu et l’esprit ; Isis, par l’eau et la terre ; et tous deux, par l’air. Ainsi tout est compris sous l’influence du soleil et de la lune. Les cinq éléments que nous venons de nommer constituent le monde, comme la tête, les mains, les pieds et les autres parties du corps composent l’homme.

XII. Les Égyptiens ont divinisé chaque élément, et leur ont assigné primitivement des noms particuliers à leur langue. Ils ont donné à l’esprit le nom de Jupiter, qui signifie principe psychique de la vie, et ils l’ont regardé comme le père de tous les êtres intelligents. Avec cette idée s’accorde ce qu’a dit le plus grand poëte de la Grèce en parlant de Jupiter « le père des

  1. Odyssée, chant XII, v. 323.
  2. Les poésies d’Eumolpe, fils de Musée, ne nous ont pas été conservées. Voy. Fabricius, Bibliotheca grœca, lib. I, c. 6.