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DIOGÈNE.

quelqu’un de ses écrits, il lui dit : Si tu voulais des figues, Hégésias, tu n’en prendrais pas de peintes ; tu en cueillerais de véritables. Il y a donc de la folie en ce que tu fais, de négliger la véritable manière de t’exercer l’esprit pour chercher la science dans les livres. Quelqu’un lui reprochait qu’il était banni de son pays : Misérable ! dit-il, c’est là ce qui m’a rendu philosophe, un autre lui disant pareillement : Ceux de Sinope t’ont chassé de leur pays, il répondit : Et moi je les ai condamnés à y rester. Il vit un jour un homme qui avait été vainqueur aux jeux olympiques, menant paître des brebis, et lui dit : Brave homme, vous êtes bientôt passé d’Olympe à Némée. On lui demandait ce qui rendait les athlètes si insensibles ; il répondit : C’est qu’ils sont composés de chair de bœuf et de pourceau. Une autre fois il exigeait qu’on lui érigeât une statue ; et comme on voulait savoir le sujet d’une pareille demande, il dit : Je m’accoutume par là à ne point obtenir ce que je souhaite. La pauvreté l’ayant obligé d’abord à demander de l’assistance, il dit à quelqu’un qu’il priait de subvenir à ses besoins : Si tu as donné à d’autres, donne-moi aussi ; et si tu n’as encore donné à personne, commence par moi. Un tyran lui demanda quel airain était le meilleur pour faire des statues ? Celui, dit-il, dont on a fait les statues d’Harmodius et d’Aristogiton. Étant interrogé de quelle manière Denys se servait de ses amis : Comme on se sert des bourses, dit-il ; on les suspend quand elles sont pleines, et on les jette quand elles sont vides. Un nouveau marié avait écrit sur sa maison : Hercule, ce glorieux vainqueur, fils de Jupiter, habite ici ; que rien de mauvais n’y entre. Diogène y mit cette autre inscription : Troupes auxiliaires après la guerre finie. Il appelait l’amour de l’argent la métropole de tous les maux. Un dissipateur mangeait des