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ii
DISCOURS.


fait le plus d’honneur au genre humain ? Quel plaisir trouve-t-on aussi à rappeler les mauvaises actions ? Il serait à souhaiter qu’elles n’eussent jamais été. L’homme n’a pas besoin de mauvais exemples, ni la nature humaine d’être décriée. SI l’on fait mention des actions déshonnêtes, que ce soit seulement de celles qui ont rendu le méchant malheureux et méprisé au milieu des récompenses les plus éclatantes de ses forfaits.

Au défaut de statues qui devraient représenter en bronze et en marbre, dans nos places publiques, les grands hommes qui ont honoré l’humanité, et inviter à la vertu, nous avons les écrits de Plutarque et de Diogène Laërce. On peut dire qu’ils sont comme les fastes des triomphes de l’homme. Qui, en les lisant, ne voudrait pas y avoir fourni la matière d’une ligne ? Où est l’homme, né avec une âme honnête et sensible, qui n’arrose de ses larmes les pages où ils se sont plu à célébrer la vertu, et qui ne donne des éloges à la cendre insensible et froide de ceux qui la cultivèrent pendant leur vie ?

Si les philosophes dont Diogène Laërce nous a tracé la vie, en même temps qu’ils nous a développé leurs systèmes, ont eu des faiblesses, il faut les regarder comme un tribut qu’ils ont payé à l’humanité. Ils les ont fait oublier, en les couvrant par une infinité de belles actions ; ils ont prouvé par leur exemple que la nature humaine est capable de tirer de son fond, tout dépravé qu’il est, des vertus morales qui décèlent la noblesse de son origine.

Nous ne dissimulerons point que, parmi les philosophes célébrés par notre auteur, il ne s’en trouve quelques uns qui n’ont vu dans la nature, dont ils