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ARISTIPPE.

reviendrai point, répliqua Théodore, à moins que Ptolomée ne trouve bon de m’y renvoyer. Myrthus, trésorier de Lysimaque, qui était présent à cette audience, lui dit là-dessus : Il me semble que non-seulement vous ne savez pas l’honneur qui appartient aux dieux, mais que vous ignorez même le respect qui est dû aux rois. Je sais si bien, reprit le philosophe, ce qui est dû aux dieux, que je vous regarde comme leur ennemi.

On dit qu’étant un jour venu à Corinthe, suivi de beaucoup de disciples, Métrocle le cynique, qui nettoyait des légumes, lui dit : Tu n’aurais pas une si grande suite si tu nettoyais des légumes. Et toi, répondit Théodore, tu ne ferais pas si mauvaise chère, si tu savais converser avec le monde. Nous avons rapporté quelque chose de pareil au sujet de Diogène et d’Aristippe. Voilà ce qu’on sait de la vie et des mœurs de ce philosophe, qui enfin partit pour Cyrène, où il demeura longtemps estimé de Marius[1]. On dit que, lorsqu’on l’obligea d’en sortir, il dit : Vous avez grand tort de m’exiler de Libye en Grèce.

Il y a eu vingt Théodores. Le premier, qui était de Samos et fils de Rhœcus, conseilla que, pour affermir les fondements du temple d’Éphèse, on y semât du charbon, parceque l’endroit était humide, et qu’il prétendait que le bois brûlé à ce degré acquiert une solidité qui empêche que l’eau ne puisse le pourrir; le second, natif de Cyrène, fut géomètre et maître de Platon; le troisième est le philosophe dont nous avons parlé; le quatrième a donné un ouvrage sur la manière d’exercer la voix; le cinquième a écrit sur la poésie lyrique, en commençant par Terpandre; le sixième était stoïcien; le septième a fait une histoire romaine; le huitième, Syracusain de naissance, a publié un traité de l’art militaire; le neuvième, né à Bysance, a passé pour grand juri-consulte; le dixième, aussi habile dans le même genre, est cité par Aristote

  1. On a quelque soupçon que ce dernier mot est fautif