Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
110
MÉNÉDÈME.

un jour à un repas de ce genre, il ne dit rien; mais il en blâma tacitement la profusion, en ne mangeant que des olives.

Sa franchise faillit à le perdre, en Cypre, Chez Nicocréon, lui et son ami Asclépiade. Ce prince les ayant invités avec d’autres philosophes à la fête qui se célébrait tous les mois, Ménédème dit que, si ces conviés formaient une compagnie honorable, il fallait renouveler la fête tous les jours; sinon que c’tait même trop d’une fois. Le tyran répondit qu’il avait coutume de donner ce jour à la conversation avec les philosophes. Ménédème persista dans son opinion, et fit voir que la conversation des sages était utile en tout temps comme les sacrifices, et poussa la chose si loin, que, si un trompette ne les eût avertis de leur départ, il auraient peut-être laissé la vie en Cypre; on ajoute que, quand ils furent sur la mer, Asclépiade dit que les airs doux du trompette les avaient sauvés, et que la hardiesse de Ménédème les avait perdus.

On dit qu’il enseignait simplement, et qu’on ne remarquait autour de lui aucun des arrangements ordinaires dans les écoles. Il n’y avait ni bancs, ni sièges disposés en rond; mais chacun écoutait ses leçons, selon qu’il trouvait place, assis ou debout. On rapporte cependant que Ménédème était timide et glorieux, jusque là que, dans les commencements de sa liaison avec Asclépiade, comme ils aidaient conjointement à bâtir une maison et que son ami portait tout nu du mortier au toit, il se cachait lorsqu’il apercevait un passant, de peut de partager le déshonneur. Quand il fut parvenu au maniement des affaires de la république, il était si craintif et si distrait, qu’une fois, au lieu de poser l’encens dans l’encensoir, il le mit à côté. Cratès l’ayant blâmé de s’être chargé du gouvernement, Ménédème ordonna qu’on le conduisit en prison; sur quoi le cynique, en le regardant