Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
114
MÉNÉDÈME.

temps-là. Lors donc qu’il n’y avait qu’un plat de petites herbes ou de poisson salé, on se retirait ; mais s’il y avait de la viande, en entrait. Pendant l’été, les lis étaient couverts de nattes, et pendant l’hiver de peaux. Chacun devait se fournir d’un coussin pour s’appuyer. Le gobelet dans lequel on buvait à la ronde n’était pas grand ; les desserts consistaient en fèves et en pois, quelquefois en pore, en grenades, et souvent en figues, selon les saisons. Nous apprenons tout cela de Lycophron dans ses satires intitulées Ménédème, où, faisant l’éloge de ce philosophe, il dit, entre autres choses, que « le vin s’y voit à petite mesure, et que c’est l’érudition qui est le dessert des sages. »

Ménédème essuya d’abord beaucoup de mépris ; les Érétriens le traitant de chien et de visionnaire, mais dans la suite ils l’estimèrent tant, qu’ils lui confièrent l’administration de leur ville. Il reçut beaucoup d’honneur de Ptolomée et de Lysimaque dans les ambassades dont il fut chargé auprès d’eux. Étant envoyé auprès de Démétrius, la ville lui payait deux cents talents d’appointements ; mais il en fit retrancher cinquante. Ayant été accusé auprès de Démétrius d’avoir fait un complot pour livrer la ville à Ptolomée, il se purgea de cette calomnie par une lettre dont voici le commencement :

MÉNÉDÈME AU ROI DÉMÉTRIUS, SALUT.

« J’apprends qu’on vous a fait des rapports sur mon sujet, » et ce qui suit. Par cette lettre il l’avertit d’être sur ses gardes contre un de ses ennemis nommé Eschyle.

Au reste, il est certain qu’il se chargera malgré lui de cette négociation, qui regardait la ville d’Orope, comme le rapporte Euphante dans ses Histoires. Antigone avait beaucoup d’amitié pour ce philosophe, et se glorifiait d’être son disciple; ce prince ayant mis en déroute des nations barbares près de Lysimachie, Ménédème fit à sa louage un décret simple et sans flatterie, sont le com-