Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
125
PLATON.

ARCHYTAS À DENIS, SALUT.

« Nous, les amis de Platon, vous avons envoyé Lamiscus et Photidas, dans l’espérance que vous leur rendrez ce philosophe aussi libre qu’il était lorsqu’il arriva en Sicile. L’équité veut que vous vous souveniez de l’empressement que vous aviez pour lui, des instances que vous nous avez faites pour que nous l’engagions à se rendre auprès de vous, promettant d’exécuter tout ce que nous vous proposions à son sujet, et de lui laisser la liberté de rester auprès de vous ou de s’en retourner. Rappelez-vous encore la joie que vous eûtes de le voir, et l’estime que vous lui avez accordée par-dessus tous les autres philosophes. Si quelque sujet de mécontentement vous a indisposé contre lui, il convient que vous tempériez cela par la douceur, et que la raison vous porte à nous rendre sa personne sans lui faire de mal. En faisant cela, vous agirez avec justice, et vous nous obligerez. »

Enfin la disgrâce de Dion obligea Platon de passer dans cette île pour la troisième fois : il travailla à le faire rentrer en grâce auprès de Denys ; mais voyant que ses efforts étaient inutiles, il revint dans sa patrie. Il ne voulut point avoir part au gouvernement, quoiqu’il entendît la politique, comme on le voit par ses ouvrages ; et la raison qui l’en empêcha est que le peuple était accoutumé à d’autres règles que celles qu’il aurait voulu faire suivre. Pamphila, dans le XXVe livre de ses Commentaires, rapporte que les Arcadiens et les Thébains, ayant bâti une grande ville, le prièrent de lui donner des lois ; mais ayant appris qu’ils ne voulaient point consentir à l’égalité des conditions, il refusa d’y aller. On dit qu’il fut le seul qui osa tenir compagnie à Chabrias, lorsque ce général s’enfuit pour s’éviter d’être condamné à mort. Pendant qu’il montait à la forteresse avec lui, un délateur, nommé Cobryle, lui dit : Tu viens ici pour secourir un autre, comme si tu ne savais pas que tu dois l’attendre au même supplice qua subi Socrate. Platon lui répondit : Quand je combattais pour la défense de ma patrie, je m’exposais