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PLATON.

belles espérances avec les plus glorieux triomphes. Ta patrie t’aime et tes citoyens te comblent d’honneur ; mais de quel trait, hélas ! Perces-tu mon cœur ?

On dit que cette épigramme sert d’épitaphe à Dion, et fut mise à Syracuse sur son tombeau. Nous avons remarqué que Platon eut aussi de l’amitié pour Phèdre, et on dit qu’il eut aussi beaucoup d’attachement pour Alexis ; il parle d’eux dans ces vers :

À présent qu’on ne voit plus rien qui soit digne d’attachement qu’Alexis, et que les regards de tout le monde se tournent sur lui, pourquoi tantôt confier mes sentiments et tantôt les cacher[1] ? N’est-ce pas ainsi que nous avons perdu Phèdre ?

Platon aima Archéanasse de Colophon ; voici comment il parle d’elle :

J’aime Archéanasse, malgré sa vieillesse et ses rides ; vous qui la servites les premiers, que vous dûtes souffrir de l’attachement que vous aviez pour elle lorsqu’elle était moins âgée !

Il fit aussi ces vers pour Agathone :

Tandis que j’étais auprès d’Agathone, mon ame était prête à me quitter.

Ceux-ci regardent Xantippe :

Je vous donne cette orange : recevez-la et répondez aux sentiments que j’ai pour vous ; sinon prenez-la toujours, et voyez le peu de temps qu’il faut à ce fruit pour perdre sa bonté ; pensez qu’il en est ainsi de moi, et que bientôt vous et moi fleurirons également.

On dit qu’il fit aussi cette épitaphe pour les Érétriens, lorsqu’ils furent surpris par une embuscade :

Nous étions Érétriens, originaires d’Eubée ; mais nos corps reposent près de Suze, loin de notre patrie et des tombeaux de nos ancêtres.

  1. Ce passage assez obscur renferme un proverbe grec qu’on peut voir dans Érasme, Adages, page 145.