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PLATON.

divisé de la nature de l’autre[1], appelant celui-là le mouvement de l’ame, et celui-ci le mouvement de l’univers et des étoiles errantes[2]. Il ajoutait que cette division, depuis le milieu, étant telle qu’elle se joint vers les extrémités, l’ame aperçoit les choses qui sont et les joint ensemble, parcequ’elle a en elle-même l’harmonie des éléments; connaissance qui n’est qu’une simple opinion lorsqu’elle est acquise par l’élévation du cercle qui est de la nature de l’autre, et une science, lorsqu’elle est acquise par le cercle qui est de la nature du même.

Il établit deux principes de toutes choses, Dieu et la matière; et appelle aussi le premier esprit et cause, définissant la matière une masse informe et infinie de laquelle se font les êtres composés. Auparavant, dit-il, elle se mouvait sans ordre; mais Dieu ayant jugé que l’ordre valait mieux que la confusion, l’a rassemblée dans un lieu. Son essence se change en quatre sortes d’éléments, qui sont le feu, l’eau, l’air et la terre, éléments dont est composé le monde même, et tout ce qu’il renferme : la terre seule est exempte de transmutation. Il donne pour raison de cela la différence qu’il y a entre la figure des parties dont elle est composée et la figure des parties des autres éléments, qui sont toutes homogènes, comprenant dans la conformation un triangle oblong. Au lieu que les parties de la terre ont leur figure particulière, celles de l’élément du feu sont pyramidales, celles de l’air ont huit côtés, et celles de l’eau en ont vingt; mais celles de la terre sont de forme cubique, et cela empêche

  1. Platon appelait la nature matérielle l’autre et la nature spirituelle le même. ( Plutarque, de la Création du monde, au commencement. )
  2. Je ne sais si par ces deux cercles il ne fait point entendre les deux mouvements de l’ame que supposaient les platoniciens : le premier est celui par lequel elle se meut elle-même et a rapport aux choses spirituelles; le second est celui par lequel elle meut le corps et a rapport aux choses sensibles. Et il me semble qu’ils regardaient ce second mouvement comme produit ou dirigé par le mouvement de l’ame du monde, ou de ce qu’il appelaient ainsi. ( Plutarque, du Mouvement selon le côté et selon le diamètre, opuse. 27 )