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POLÉMON.

la cent dix-septième olympiade. Antigone de Caryste dit, dans ses Vies, que son père était le principal habitant du lieu de sa naissance, et qu’il entretenant des attelages de chevaux. On dit aussi qu’il fut accusé par sa femme en justice, comme corrupteur de la jeunesse. Il devint si attentif à lui-même dès qu’il eut commencé à enseigner la philosophie, qu’il avait toujours le même extérieur et la même voix; cela le rendit fort ami de Crantor. On dit même qu’un chien enragé l’ayant mordu à la jambe, on ne l’en vit pas seulement pâlir, et qu’un trouble s’étant excité dans la ville, après avoir demandé ce que c’était, il ne bougea pas de sa place. Rien ne pouvait aussi l’émouvoir au théâtre; et Nicostrate, qu’on surnommait Clitemnestre, lisant un jour quelque chose d’un poëte devait et Cratès, celui-ci en fut attendri; mais Polémon demeura comme s’il n’avait rien entendu. Il était aussi tout-à-fait tel que dit Mélanthius le peintre, dans son Traité de la Peinture. Il veut que, comme il faut répandre quelque chose de hardi et de ferme dans les ouvrages de l’art, la même chose ait lieu pour les mœurs. Polémon disait qu’il faut s’exercer à faire des actions bonnes, et non pas se borner aux spéculations de la dialectique, qu’on se mette dans l’esprit comme un simple système artificiel; de sorte qu’en se faisant admirer dans la dispute, on se combatte soi-même quant à la disposition dont on parle. Il était honnête et avait les sentiments nobles, évitant les défauts qu’Aristophane blâme dans Euripide, et qu’il appelle des apprêts et des finesses recherchées, qu’on peut comparer, selon moi, aux raffinements des gens débauchés. On dit même que Polémon n’était pas seulement assis lorsqu’il répondait aux questions qu’on lui proposait, mais qu’il faisait ses raisonnements en se promenant. Il était fort estimé à Athènes, à cause de son amour pour la probité. Il se promenait le plus souvent hors du chemin fréquenté, passant son temps dans un jardin, auprès duquel ses disciples s’é-