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ARCÉSILAS.

Il fit pareillement ces vers sur Ménodore, fils d’Eudame, qui aimait un de ses condisciples :

Quoique la Phrygie soit loin d’ici, aussi bien que Thyatire la sainte, ta patrie, ô Ménodore, dont la mort a depuis longtemps séché le cadavre, tous les lieux ont, pour arriver au sombre Achéron, des chemins où passe continuellement une foule d’humains. Eudame, à qui, entre plusieurs autres serviteurs, tu fus le plus cher, t’a fait élever ce monument remarquable.

Il estimait particulièrement Homère, et il avait tant d’attachement pour ce poëte, qu’il en lisait toujours quelques lignes avant de se coucher; et le matin en se levant il disait, lorsqu’il allait reprendre sa lecture, qu’il allait voir son ami. Il regardait Pindare comme propre à instruire sur le choix des grandes expressions, et à donner une heureuse fécondité de termes. Il fit aussi, étant jeune, un éloge critique du poëte Ion.

Il fut auditeur d’Hipponicus le géomètre, dont il avait coutume de se moquer, parceque, quoiqu’il fût lent et qu’il baillât toujours, il avait fort bien compris cette science; et il disait de lui que la géométrie lui était tombée, en bâillant, dans la bouche. Il le reçut cependant dans sa maison lorsqu’il tomba en démence, et il eut soin de lui jusqu’à ce qu’il fût rétablit.

Cratès étant venu à mourir, Arcésilas lui succéda dans son école, avec l’agrément d’un nommé Socratide, qui s’en désista en sa faveur. On prétend qu’il n’a rien écrit, à cause du principe de douter dans lequel il était; d’autres disent qu’il fut trouvé rectifiant quelque chose que les unes croient qu’il publia, d’autres qu’il supprima.

il avait beaucoup de respect pour Platon, dont il lisait souvent les livres avec plaisir. Il y a des auteurs qui lui attribuent d’avoir imité Pyrrhon. Il entendait la logique, et connaissait les opinions es philosophes érétriens; ce qui fit dire à Ariston qu’il ressemblait à Platon par devant, à Pyrrhon par derrière, et a Diodore par le milieu. Timon a dit de lui quelque chose de pareil, l’appelant un