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BION.

mier répandu des fleurs sur la philosophie. Il avait aussi du talent pour les parodies, témoin celle-ci[1] : « Archytas, que tu es content de briller dans ton ostentation! Tu surpasses tous les railleurs en chansons et en bons mots. »

Il se moquait de la musique et de la géométrie; il aimait la magnificence et allait souvent de ville en ville, employant quelquefois l’artifice pour satisfaire son ostentation; comme quand, étant à Rhodes, il persuada à des mariniers de s’habiller en étudiants et de le suivre, et entra avec ce cortège dans une école pour se donner en spectacle. Il adoptait de jeunes gens auxquels il donnait de mauvaises leçons, et dont les tâchait de faire en sorte que l’amitié lui servît de protection. Il s’aimait aussi beaucoup lui-même, et une de ses maximes était que tout est commun entre amis. Par cette raison personne ne voulait passer pour être son disciple, quoiqu’il en eût plusieurs, et parmi eux quelques uns étaient devenus fort impudents dans son commerce, jusque-là qu’un nommé Bétion n’eut pas honte de dire à Ménédème qu’il croyait ne rien faire contre l’honneur, quoiqu’il fît des actions fort criminelles avec Bion; et celui-ci tenait quelquefois des discours plus indécents encore qu’il avait appris de Théodore.

il tomba malade à Chalcis, et, selon le témoignage des gens du lieu, il se laissa persuader d’avoir recours aux ligatures[2], et de se repentir des crimes qu’il avait commis contre la divinité. Il souffrit beaucoup par l’indigence de ceux qui étaient chargés du soin des malades, jusqu’à ce qu’Antigonus lui envoya deux domestiques pour le servir. Il suivait ce prince, se faisant porter dans un litière, comme le dit Phavorin dans son Histoire diverse; il y rapporte aussi sa mort. Voici des vers que j’ai faits contre lui:

  1. C’est un vers d’Homère qui est dit dans un autre sens.
  2. Amulettes qu’on s’attachait pour chasser les maladies