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DIOGÈNE.

Polyeucte, rhéteur, aussi bien que Lysanias, fils d’Æschiron. Ayant écrit à quelqu’un de vouloir lui procurer une petite maison, et celui-là tardant à le faire, il choisit pour sa demeure un tonneau, qui était dans le temple de la mère des dieux. L’été, il se vautrait dans le sable ardent; et l’hiver, il embrassait des statues de neige, s’exerçant par tous ces moyens à la patience. Il était d’ailleurs mordant et méprisant; il appelait l’école d’Euclide un lieu de colère, et celle de Platon un lieu de consomption. Il disait que les jeux dionysiaques étaient d’admirables choses pour les fous, et que ceux qui gouvernent le peuple ne sont que les ministres de la populace. Il disait aussi que lorsqu’il considérait la vie, et qu’il jetait les yeux sur la police des gouvernements, la profession de la médecine et celle de la philosophie, l’homme lui paraissait le plus sage des animaux; mais que lorsqu’il considérait les interprètes des songes, les devins et ceux qui employaient leur ministère, ou l’attachement qu’on a pour la gloire et les richesses, rien ne lui semblait plus insensé que l’homme. Il répétait souvent qu’il faut se munir dans la vie, ou de raison, ou d’un licou. Ayant remarqué un jour dans un grand festin que Platon ne mangeait que des olives : Pourquoi, lui demanda-t-il, sage comme vous êtes, n’ayant voyagé en Sicile que pour y trouver de bons morceaux, maintenant qu’on vous les présente, n’en faites-vous point usage? Platon lui répondit : En vérité, Diogène, en Sicile même je ne mangeais la plupart du temps que des olives. Si cela est, répliqua-t-il, qu’aviez-vous besoin d’aller à Syracuse? Le pays d’Athènes ne porte-t-il point assez d’olives? Phavorin, dans son Histoire diverse, attribue pourtant ce mot à Aristippe. Une fois mangeant des figues, il rencontra Platon, à qui il dit qu’il pouvait en prendre sa part; et comme Platon en prit et en mangea, Diogène lui dit qu’il lui avait bien dit d’en prendre, mais non pas d’en manger. Un jour que Platon avait