Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
238
DIOGÈNE.

qu’un qui recevait une aspersion religieuse, il lui dit : Pauvre malheureux ! ne vois-tu pas que comme les aspersions ne peuvent pas réparer les fautes que tu fais contre la grammaire, elles ne répareront pas plus celles que tu commets dans la vie ? Il reprenait les hommes, par rapport à la prière, de ce qu’ils demandaient des choses qui leur paraissaient être des biens, au lieu de demander celles qui sont des biens réels. Il disait de ceux qui s’effraient des songes, qu’ils ne s’embarrassent point de ce qu’ils font pendant qu’ils sont éveillés, et qu’ils donnent toute leur attention aux imaginations qui se présentent à leur esprit pendant le sommeil. Un héraut ayant, dans les jeux olympiques, proclamé Dioxippée vainqueur d’hommes, Diogène répondit : Celui dont tu parles n’a vaincu que des esclaves ; c’est à moi de vaincre des hommes.

Les Athéniens aimaient beaucoup Diogène. On conte qu’un garçon ayant brisé son tonneau, ils le firent punir, et donnèrent un autre tonneau au philosophe. Denys le stoïcien rapporte qu’ayant été pris à la bataille de Chéronée et conduit auprès de Philippe, ce prince lui demanda qui il était, et qu’il répondit : Je suis l’espion de ta cupidité ; ce qui émut tellement Philippe, qu’il le laissa aller. Un jour Alexandre chargea un nommé Athlias de porter à Athènes une lettre pour Antipater. Diogène, qui était présent, dit qu’on pouvait dire de cette lettre, qu’Athlias l’envoyait d’Athlias par Athlias à Athlias[1]. Perdiccas l’ayant menacé de le faire mourir s’il ne se rendait auprès de lui, il répondit qu’il ne ferait rien de fort grand par là, puisqu’un escarbot, et l’herbe phalange, pouvaient faire la même chose. Bien au contraire il renvoya pour menace à Perdiccas, qu’il vivrait plus heureux s’il vivait sans voir Diogène. Il s’écriait souvent que les dieux avaient mis les hommes en état de mener

  1. Jeu de mots sur Althios, terme grec qui signifie misérable.