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LIVRE VII.

ZÉNON.

Zénon, fils de Mnasée, ou de Demée, était de Cittie en Chypre, C’est une petite ville grecque où s’était établie une colonie de Phéniciens. Il avait le cou un peu penché d’un côté, suivant Timothée l’Athénien, dans son livre des Vies. Apollonius Tyrien nous le dépeint mince de corps, assez haut de taille, et basané ; ce qui fut cause que quelqu’un le surnomma Sarment d’Égypte, dit Chrysippe dans le premier livre de ses Proverbes. Il avait les jambes grosses, lâches et faibles ; aussi évitait-il la plupart du temps les repas, selon le témoignage de Persée, dans ses Commentaires de table. Il aimait beaucoup, dit-on, les figues vertes, et à se chauffer au soleil.

Nous avons fait mention qu’il eut Cratès pour maître ; on veut qu’ensuite il prit les leçons de Stilpon, et que pendant dix ans il fut auditeur de Xénocrate, au rapport de Timocrate, dans Dion. Polémon est encore un philosophe dont il fréquenta l’école. Hécaton, et Apollonius Tyrien, dans le premier livre sur Zénon, rapportent que ce philosophe ayant consulté l’oracle pour savoir quel était le meilleur genre de vie qu’il pût embrasser, il lui fut répondu que c’était celui qui le ferait converser avec les morts. Il comprit le sens de l’oracle, et s’appliqua à la lecture des anciens. Voici comment il entra en connaissance avec Cratès. Il avait négocié de la pourpre en Phénicie, qu’il perdit dans un naufrage près du Pirée. Pour lors, déjà âgé de trente ans, il vint à Athènes, où il s’assit auprès de la boutique d’un libraire, qui lisait le second livre des Commentaires de Xénophon. Touché de