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ZÉNON.


qu’au contraire, comme il fut un de ceux qui contribuèrent à la réparation du bain, son nom ayant été écrit sur une colonne de cette manière, Zénon le philosophe, il voulut qu’on y ajoutât le mot de Cittien. Un jour il prit le couvercle d’un vaisseau où l’on mettait l’huile pour les athlètes, et après l’avoir creusé il le porta partout pour y recueillir l’argent qu’il collectait en faveur de son maître Cratès. On assure que lorsqu’il vint en Grèce il était riche de plus de mille talents, qu’il prêtait à intérêt aux gens qui allaient sur mer.

Il se nourrissait de petits pains, de miel, et d’un peu de vin aromatique. Il ne faisait guère d’attention aux filles, et ne se servit qu’une ou deux fois d’une servante, afin de n’être pas soupçonné de haïr les femmes. Lui et Persée habitaient une même maison, où celui-ci ayant quelque jour introduit auprès de lui une joueuse de flûte, il la tira de là, et la reconduisit à celui qui la lui avait envoyée. Il était fort accommodant ; aussi le roi Antigone venait souvent souper chez lui, ou le menait souper chez Aristoclée le musicien ; liaison à laquelle il renonça dans la suite.

On dit qu’il évitait d’assembler beaucoup de monde autour de lui, et que pour se débarrasser de la foule, il s’asseyait au haut de l’escalier[1]. Il ne se promenait guère qu’avec deux ou trois personnes, et exigeait quelquefois un denier de ceux qui l’entouraient, afin d’écarter la multitude, comme le rapporte Cléanthe dans son traité de l’Airain. Un jour que la presse était fort grande, il montra aux assistants la balustrade de bois d’un autel au haut du portique, et leur dit : « Autrefois ceci en faisait le milieu ; mais comme on en recevait de l’embar-

  1. Ménage et autres interprètes latins ne disent rien sur ce passage ; Boileau et Fougerolles le défigurent. Je crois qu’il s’agit du monde qui s’assemblait autour de Zénon lorsqu’il donnait ses leçons, et je suppose qu’il y avait des degrés au portique du Pœcile, où il se tenait, et que c’est de ce portique que parle Diogène Laërce.