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THALÈS.

Hermippe, dans ses Vies, applique à Thalès ce que l’on attribue à Socrate, qu’il remerciait la fortune de trois choses : la première, « de l’avoir fait naître un être raisonnable plutôt qu’une brute; la seconde, de l’avoir fait homme plutôt que femme; la troisième, de l’avoir fait naître en Grèce plutôt que dans un pays étranger.»

On raconte de lui qu’un soir, sortant de la maison, conduit par une vieille femme, il tomba dans un creux pendant qu’il regardait les étoiles; et que s’étant plaint de cet accident, la vieille lui dit : « Comment pouvez-vous, Thalès, espérer de voir et de comprendre ce qui est au ciel, vous qui n’apercevez pas ce qui est à vos pieds?» Timon parle aussi de son amour pour l’astronomie, et le loue dans ses Poésies bouffonnes, où il dit : « Tel que fut Thalès, savant astronome, et l’un des sept sages.» Lobon d’Argos compte deux cents vers de sa composition sur l’astronomie, et rapporte ceux-ci qu’on lisait au-dessous de sa statue :

C’est ici Thalès, dans la personne duquel Milet l’Ionienne, qui l’a nourri, a produit le plus grands des hommes pour son savoir dans l’astrologie.

Voici les pensées qu’on lui attribue : « Le flux de paroles n’est pas une marque d’esprit. Êtes-vous sages, choisissez une seule chose, un objet digne de votre application; par là vous ferez faire beaucoup de gens qui n’ont que la volubilité de la langue en partage.»

Les sentences suivantes sont encore de lui : « Dieu est le plus ancien des êtres, n’ayant jamais été engendré. Le monde est de toutes les choses la plus magnifique, puisqu’il est l’ouvrage de Dieu; l’espace, la plus grande, parcequ’il renferme tout; l’esprit, la plus prompte, vu qu’il parcourt l’étendue de l’univers; la nécessité, la plus forte, n’y ayant rien dont elle ne vienne à bout; le temps, la plus sage parcequ’il découvre tout ce qui est