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ZÉNON.


de dire de la voix, ils en font un lieu particulier de la dialectique, fondés sur ce que, par l’articulation, on démontre certaines parties du raisonnement, les solécismes, les barbarismes, les vers, les équivoques, l’usage de la voix dans le chant, la musique, et, selon quelques uns, les périodes, les divisions et les distinctions.

Ils vantent beaucoup les syllogismes pour leur grande utilité, en ce que, aiguisant l’esprit, ils lui ouvrent le chemin aux démonstrations, qui contribuent beaucoup à rectifier les sentiments. Ils ajoutent que l’arrangement et la mémoire aident à débrouiller de savantes propositions majeures ; que ces sortes de raisonnements sont propres à forcer le consentement et à former des conclusions ; que le syllogisme est un discours raisonné, et fondé sur ces principes ; la démonstration, un discours où l’on rassemble tout ce qui tend à inférer, des choses qui sont plus connues, des conséquences pour les choses qui le sont moins ; l’imagination[1], une impression dans l’âme, par comparaison de l’empreinte d’un anneau sur la cire. Selon eux, il y a deux sortes d’imaginations : celles que l’on saisit, et celles qu’on ne peut saisir. Les imaginations de la première espèce, à laquelle ils rapportent la connaissance des choses, sont produites par un objet existant, dont l’image s’imprime suivant ce qu’il est en effet. Les imaginations de l’autre espèce ne naissent point d’un objet qui existe, ou dont, quoique existant, l’esprit ne reçoit pas d’impression conforme à ce qu’il est réellement.

Les stoïciens tiennent la dialectique pour une science absolument nécessaire, laquelle, à leur avis, comprend la vertu en général et tous ses degrés en particulier ; la circonspection à éviter les fautes, et à savoir quand on doit acquiescer ou non ; l’attention à suspendre son jugement, et à s’empêcher qu’on ne cède à la vraisemblance : la résistance à la conviction, de crainte qu’on ne se laisse

  1. Ce mot est pris ici au sens de chose imaginée, ou de représentation d’un objet.