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ZÉNON.


chacun avec la volonté de celui qui gouverne l’univers. En effet, Diogène dit expressément que la fin qu’on doit se proposer consiste à bien raisonner dans le choix des choses qui sont selon la nature. Archédème la fait consister à vivre en remplissant tous ses devoirs. Chrysippe, par la nature, entend une nature à laquelle il faut conformer sa vie ; c’est-à-dire la nature commune, et celle de l’homme en particulier. Mais Cléanthe n’établit, comme devant être suivie, que la nature commune, et n’admet point à avoir le même usage celle qui n’est que particulière. Il dit que la vertu est une disposition conforme à cette nature, et qu’elle doit être choisie pour l’amour d’elle-même, et non par crainte, par espérance, ou par quelque autre motif qui soit hors d’elle ; que c’est en elle que consiste la félicité, parceque l’âme est faite pour jouir d’une vie toujours uniforme, et que ce qui corrompt un animal raisonnable, ce sont quelquefois les vraisemblances des choses extérieures, et quelquefois les principes de ceux avec qui l’on converse, la nature ne donnant jamais lieu à cette dépravation.

Le mot de vertu se prend différemment. Quelquefois il signifie en général la perfection d’une chose, comme celle d’une statue ; quelquefois il se prend pour une chose qui n’est pas un sujet de spéculation, comme la santé ; d’autres fois, pour une chose qui est un sujet de spéculation, comme la prudence. Car Hécaton dit, dans son premier livre des Vertus, que parmi celles qui sont un sujet de science, il y en a qui sont aussi spéculatives, savoir celles qui sont composées des observations qu’on a faites, comme la prudence et la justice ; et que celles qui ne sont point spéculatives sont celles qui, considérées dans leur production, sont composées de celles qui sont spéculatives, comme la santé et la force. Car de la prudence, qui est une vertu de spéculation, résulte ordinairement la santé, comme de la structure des principales pierres d’un bâtiment résulte sa consistance. On appelle ces vertus non