Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
358
PYTHAGORE.

philosophe. Aristoxène assure que Pythagore est redevable de la plupart de ses dogmes de morale à Thémistoclée, prêtresse de Delphes. Ion de Chio, dans ses Triagmes[1], dit qu’ayant fait un poëme, il l’attribua à Orphée. On veut aussi qu’il soit l’auteur d’un ouvrage intitulé Considérations, et qui commence par ces mots : « N’offense personne ! »

Sosicrate, dans ses Successions, dit que Pythagore, interrogé par Léonte, tyran de Phliasie, qui il était, lui répondit : Je suis philosophe ; et qu’il ajouta que la vie ressemblait aux solennités des jeux publics, où s’assemblaient diverses sortes de personnes, les unes pour disputer le prix, les autres pour y commercer, d’autres pour être spectateurs et pour réformer leurs mœurs, en quoi ils sont les plus louables : qu’il en est de même de la vie ; que ceux-ci naissent pour être esclaves de la gloire, ceux-là des richesses qu’ils convoitent, et d’autres qui, n’ayant d’ardeur que pour la vérité, embrassent la philosophie. Ainsi parle Sosicrate ; mais dans les trois opuscules dont nous avons fait mention, ce propos est attribué à Pythagore, comme l’ayant dit en général. Il désapprouvait les prières que l’on adressait aux dieux pour soi-même en particulier, à cause de l’ignorance où l’on est de ce qui est utile. Il appelle l’ivresse un mal causé à l’esprit. Il blâmait tout excès, et disait qu’il ne faut ni excéder dans le travail, ni passer les bornes dans les aliments. Quant à l’amour, il en permettait l’usage en hiver, le défendait absolument en été, et consentait qu’on s’y livrât, mais fort peu, en automne et au printemps. Néanmoins il s’expliquait sur le tout qu’il n’y avait aucune saison dans laquelle cette passion ne fût nuisible à la santé, jusque là qu’ayant été forcé de dire son sentiment sur le temps qu’il croyait le plus propre à satisfaire cette passion, il

  1. Ouvrage ainsi nommé de ce que le sujet sur lequel il roule est de prouver quee toutes choses sont composées de trois. Ménage.