Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/375

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
359
PYTHAGORE.

répondit : Celui où vous formerez le dessein de vous énerver.

Il partageait de cette manière les différents temps de la vie. Il donnait vingt ans à l’enfance, vingt à l’adolescence, vingt à la jeunesse, et autant à la vieillesse, ces différents âges correspondant aux saisons, l’enfance au printemps, l’adolescence à l’été, la jeunesse à l’automne, la vieillesse à l’hiver. Par l’adolescence Pythagore entendait l’âge de puberté, et l’âge viril par sa jeunesse. Selon Timée, il fut le premier qui avança que les amis doivent avoir toutes choses communes, et qui dépeignit l’amitié une égalité de biens et de sentiments. Conformément au principe du philosophe, ses disciples se dépouillaient de la propriété de leurs biens, mettaient leurs facultés en masse, et s’en faisaient une fortune à laquelle chacun avait part avec autant de droit l’un que l’autre. Il fallait qu’ils observassent un silence de cinq ans, pendant lesquels ils ne devaient être qu’attentifs à écouter. Aucun n’était admis à voir Pythagore qu’après cette épreuve finie. Alors ils étaient conduits à sa maison, et avaient la permission de fréquenter son école. Hermippe, dans son deuxième livre sur Pythagore, assure qu’ils ne se servaient point de planches de cyprès pour la construction de leurs sépulcres, par scrupule de ce que le sceptre de Jupiter était fait de ce bois.

Pythagore passe pour avoir été fort beau de sa personne ; tellement que ses disciples croyaient qu’il était Apollon, venu des régions hyperborées. On raconte qu’un jour, étant déshabillé, on lui vit une cuisse d’or. Il s’est même trouvé des gens qui n’ont point hésité de soutenir que le fleuve Nessus l’appela par son nom pendant qu’il le traversait. On lit dans Timée, livre dixième de ses Histoires, qu’il disait que les filles qui habitent avec des hommes sans changer d’état doivent être censées déesses, vierges, nymphes, et ensuite nommées matrones. Anticlide, dans son deuxième livre d’Alexandre, veut qu’il ait porté à sa perfection la géométrie, des premiers éléments de laquelle