Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/413

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tendre, et que ce qu’il dit pénètre jusque dans le fond de l’ame. Il est incomparable pour la brièveté et pour la force avec laquelle il s’explique; mais exposons ses sentiments plus en détail.

Suivant ce philosophe, le fun est un élément, et c’est de ses divers changements que naissent toutes choses, selon qu’il est plus raréfié ou plus dense. Il s’en tient là, et n’explique rien ouvertement. Il croit que tout se fait par l’opposition qu’une chose a avec l’autre, et compare le cours de la nature à celui d’un fleuve. Il suppose l’univers fini, et n’admet qu’un seul monde, qui, comme il est produit par le feu, se dissout aussi par cet élément au bout de certains périodes; et cela, en vertu d’une destinée. Il appelle l’action des contraires, qui produit la génération, une guerre et une discorde; il nomme celle qui produit l’embrasement du monde, une paix et une union. Il qualifie aussi cette vicissitude une mouvement de haut en bas et de bas en haut, suivant lequel le monde se fait. Le feu condensé se change en humidité, qui, ayant acquis sa consistance, devient eau. L’eau épaissie se change en terre, et c’est là le mouvement du haut en bas. Réciproquement la terre liquéfiée se change en eau, de laquelle naît ensuite tout le reste par l’évaporation qui s’élève de la mer, et voilà le mouvement de bas en haut. Il est d’avis qu’il s’élève des évaporations de la terre et de la mer, les unes claires et pures, les autres ténébreuses; que les premières servent de nourriture au feu; que les premières servent de nourriture au feu, et les secondes à l’eau.

Il n’explique pas de quelle nature est le ciel qui nous environne. Il y suppose des espèces de bassins, dont la partie concave est tournée de notre côté; et les évaporations pures, qui s’y rassemblent, forment des flammes que nous prenons pour des astres. Les flammes qui forment le soleil sont extrêmement pures et vivres; celles des autres astres, plus éloignés de la terre, ont moins de pureté et de chaleur. La lune, comme plus voisine