Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/428

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à l’égard de certains passages susceptibles de critique, sachant apparemment qu’avec les mauvaises dispositions qu’on lui connaissait à son égard, il passerait autrement pour s’être déchaîné contre le meilleur des philosophes, à qui Timon n’a pu refuser ces louanges : « Tel qu’était Démocrite, plein de prudence et agréable dans ses discours. »

Démocrite, dans son traité intitulé le petit Monde, dit qu’il était jeune homme lorsque Anaxagore avançait déjà en âge, lequel avait alors quarante ans de plus que lui. Il nous apprend qu’il composa ce traité sept cent trente ans après la ruine de Troie. Il était donc né, comme le remarque Apollodore dans ses Chroniques, vers la quatre-vingtième olympiade, ou, selon le calcul de Thrasyllus dans son ouvrage Des choses qu’il faut savoir avant de lire Démocrite, le troisième année de la soixante-dix-septième olympiade, par conséquent un an plus âgé que Socrate, par conséquent encore contemporain d’Archélaüs disciple d’Anaxagore, et d’Œnopide de qui il a parlé. Il fait mention de l’opinion de Parménide et de Zénon, philosophe célèbres de son temps, au sujet de l’unité, ainsi que Protagoras d’Abdère, que l’on convient avoir été contemporain de Socrate.

Apollodore, dans se septième livre de ses Promenades, raconte qu’Hippocrate étant allé voir Démocrite, celui-ci envoya querir du lait, et qu’après l’avoir regardé, il dit que c’était du lait d’une chèvre noire qui avait porté pour la première fois; ce qui donna de lui une grande idée à Hippocrate, qui s’était fait accompagner par une jeune fille. Démocrite la remarque. Bonjour, ma fille, lui dit-il. Mais l’ayant revue le lendemain, il la salua par ces mots : Bonjour, femme. Effectivement elle l’était devenue dès la nuit dernière.

Voici de quelle manière il mourut, selon Hermippe. Il était épuisé de vieillesse, et paraissait approcher de sa fin, ce qui affligeait fort sa sœur. Elle craignait que s’il