Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/439

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ménage avec sa sœur, qui faisait le métier de sage-femme. Il avait pour elle tant de complaisance, qu’il portait au marché des poules et des cochons de lait à vendre, selon les occasions. Indifférent à tous les égards, il balayait la maison, avait coutume de laver une truie et d’en nettoyer l’étable. Ayant un jour grondé sa sœur Philista, il répondit à quelqu’un qui lui remontrait qu’il oubliait son système, que « ce n’était pas d’une petite femme que dépendait la preuve de son indifférence. » Une autre fois qu’il se vit attaqué par un chien, il le repoussa; sur quoi ayant été repris de sa vivacité, il dit : « Il est difficile à l’homme de se dépouiller tout-à-fait de l’humanité. Il faut y travailler de toutes ses forces, d’abord en réglant ses actions; et si on ne peut réussir par cette voie, on doit employer la raison contre tout ce qui révolte nos sens. »

On raconte que, lui étant venu un ulcère, il souffrit les emplâtres corrosifs, les incisions et les remèdes caustiques, sans froncer le sourcil. Timon trace son caractère dans ce qu’il écrit à Python. Philon d’Athènes, son ami, dit aussi qu’il parlait souvent de Démocrite, et qu’il admirait Homère, dont il citait fréquemment ce vers:

Les hommes ressemblent aux feuilles des arbres

Il approuvait la comparaison que ce poëte fait des hommes avec les mouches et les oiseaux, et répétait souvent ces autres vers:

Ami, tu meurs ; mais pourquoi répandre des larmes inutiles? Patrocle, cet homme bien au-dessus de toi, a cessé de vivre et n’est plus.

En un mot, il goûtait tout ce que de poëte a avancé sur l’incertitude des choses humaines, sur la vanité des hommes et sur leur puérilité.

Posidonius rapporte de Pyrrhon, témoin de la consternation des personnes qui étaient avec lui dans un vaisseau exposé à une violente tempête, leur montra tran-