Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/479

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elles sont seulement incompréhensibles en nombre ; car, comme Épicure l’enseigne plus bas, il n’y a point de divisibilité à l’infini ; [43] ce qu’il dit relativement au changement de qualités que subissent les atomes, afin qu’on ne les suppose pas infinis, uniquement par rapport à leur grandeur.

« Les atomes sont dans un mouvement continuel, et Épicure dit plus bas qu’ils se meuvent avec la même vitesse, parce que le vide laisse sans cesse le même passage au plus léger comme au plus, pesant. Les uns s’éloignent des autres à une grande distance ; les autres tournent ensemble lorsqu’ils sont inclinés à s’entrelacer, ou qu’ils sont arrêtés par ceux qui les entrelacent.

[44] « Cela se fait par le moyen du vide, qui sépare les atomes les uns des autres, ne pouvant lui-même rien soutenir. Leur solidité est cause qu’ils s’élancent par leur collision, jusqu’à ce que leur entrelacement les remette de cette collision. Les atomes n’ont point de principe, parce qu’avec le vide ils sont la cause de toutes choses. Épicure dit aussi plus bas qu’ils n’ont point de qualité, excepté la figure, la grandeur et la pesanteur ; et dans le douzième livre de ses Éléments, que leur couleur change selon leur position.

[45] « Ils n’ont pas non plus toutes sortes de grandeurs, puisqu’il n’y en a point dont la grandeur soit visible. L’atome, ainsi conçu, donne une idée suffisante de la nature.

« Il y a des mondes à l’infini, soit qu’ils ressemblent à celui-ci ou non ; car les atomes, étant infinis, comme on l’a montré, sont transportés dans le plus grand éloignement ; et comme ils ne sont pas épuisés par le monde qu’ils servent à former, n’étant tous employés ni à un seul ni à plusieurs mondes bornés, soit qu’ils soient semblables, soit qu’ils ne le soient pas, rien n’empêche qu’il ne puisse y avoir à l’infini des mondes conçus de cette manière.

[46] « Il y a encore des formes qui, par la figure, ressemblent aux corps solides, et surpassent de beaucoup par leur ténuité les choses sensibles. Car rien n’empêche qu’il ne se forme dans l’air de ces sortes de séparations, ou qu’il y ait des propriétés formées par le moyen de cavités et de ténuités, ou qu’il se fasse des émanations de parties qui conservent la même position et le même ordre qu’elles avaient dans les solides. Ces formes sont ce que nous appelons des images, dont le mouvement qui se fait dans le vide, ne rencontrant rien qui l’arrête, a une telle vélocité, qu’il parcourt le plus grand espace imaginable en moins de temps qu’il soit possible, parce qu’il ne reçoit ni plus ni moins de vitesse ou de lenteur par la répulsion et la non-