Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/480

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répulsion (02).

[47] « Il ne faut pourtant pas croire qu’un corps qui est porte en bas dans un temps mesurable parvienne en plusieurs endroits à la fois, car c’est de quoi on ne peut se former d’idée ; et pouvant venir également de quelque endroit du vide que ce soit dans un temps sensible, il ne sera point parti de l’endroit que nous croyons, parce que, sans supposer même que la vitesse de son mouvement ne rencontre point de répulsion, celle-ci ne le retarde pas. Il est important de retenir ce principe, parce que les images que nous voyons tirent leur usage de celles qui sont de cette ténuité. Elle sait aussi que ces images ne peuvent être sujettes à des difficultés prises des choses qu’on voit. C’est encore là ce qui produit leur vitesse incomparable, qui les rend propres à toutes sortes de mouvements, afin qu’elles ne causent que peu ou point de résistance dans le vide ; au lieu qu’étant en grand nombre, ou plutôt innombrables, elles en rencontrent d’abord quelqu’une.

[48] « Il faut encore remarquer que ces images se forment en même temps que naît la pensée, parce qu’il se fait continuellement des écoulements de la superficie des corps, lesquels ne sont pas sensibles aux sens, trop grossiers pour s’en apercevoir. Ces écoulements conservent longtemps la position et l’ordre des atomes dont ils sont formés, quoiqu’il y arrive quelquefois de la confusion. D’ailleurs ces assemblages se font promptement dans l’air, parce qu’il n’est pas nécessaire qu’ils aient de profondeur. Outre ces manières, il y en a encore d’autres dont se forment ces sortes de natures. Rien de tout cela ne contredit les sens, si on considère la manière dont les images produisent leurs effets, et comment elles nous donnent un sentiment des objets extérieurs.

[49] « Il faut supposer aussi que c’est par le moyen de quelque chose d’extérieur que nous voyons les formes et que nous en avons une idée distincte ; car un objet qui est hors de nous ne peut nous imprimer l’idée de sa nature, de sa couleur et de sa figure autrement que par l’air qui est entre lui et nous, et par les rayons ou espèces d’écoulements qui parviennent de nous jusqu’à l’objet. Nous voyons donc par le moyen des formes qui se détachent des objets mêmes, de leur couleur, de leur ressemblance, et qui pénètrent, à proportion de leur grandeur et avec un mouvement extrêmement prompt, dans la vue ou dans la pensée. [50] Ensuite, ces formes nous ayant donné de la même manière l’idée d’un objet unique et continu, et conservant toujours leur conformité avec l’objet dont elles sont