Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/485

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’on considère, ou que l’esprit peut concevoir, n’est point exactement vrai.

[63] Après tout ceci, il est à propos d’examiner ce qui concerne l’âme (05) relativement aux sens et aux passions. Par-là on achèvera de s’assurer que l’âme est un corps composé de parties fort menues et dispersées dans tout l’assemblage de matière qui forme le corps. Elle ressemble à un mélange d’air et de chaleur tempéré de manière qu’à quelques égards, elle tient plus de la nature de l’air, et qu’à d’autres elle participe plus de la nature de la chaleur. En particulier, elle est sujette à beaucoup de changements, à cause de la petitesse de ces parties dont elle est composée et qui rendent aussi d’autant plus étroite l’union qu’elle a avec le corps. Les usages de l’âme paraissent dans ses passions, dans la facilité de ses mouvements, dans ses pensées et autres fonctions dont le corps ne peut être privé sans mourir. La même chose paraît encore en ce que c’est l’âme qui est la principale cause de la sensation : [64] il est bien vrai qu’elle ne la recevrait pas si elle n’était revêtue du corps. Cet assemblage de matière est nécessaire pour la lui faire éprouver ; il la reçoit d’elle, mais il ne la possède pas de même, puisque, lorsque l’âme quitte le corps, il est privé de sentiment. La raison en est qu’il ne le possède pas en lui-même, mais en commun avec cette autre partie que la nature a préparée pour lui être unie, et qui, en conséquence de la vertu qu’elle en a reçue, formant par son mouvement le sentiment en elle-même, le communique au corps par l’union qu’elle a avec lui, comme je l’ai dit.

[65] « Aussi, tant que l’âme est dans le corps, ou qu’il n’arrive pas de changement considérable dans les parties de celui-ci, il jouit de tous les sens ; au contraire, elle périt avec le corps dont elle est revêtue, lorsqu’il vient à être dissout ou en tout, ou dans quelque partie essentielle à l’usage des sens. Ce qui reste alors de cet assemblage, soit le tout, soit quelque partie, est privé du sentiment qui se forme dans l’âme par un concours d’atomes. Pareillement cette dissolution de l’âme et du corps est cause que l’âme se disperse, perd les forces qu’elle avait, aussi bien que le mouvement et le sentiment.

[66] « Car il n’est