Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/488

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ce sujet, comme si elles étaient signifiées par le langage ordinaire, ainsi que sont quelques uns. Il n’y a seulement qu’à prendre garde que dans ces expressions nous joignions ensemble l’idée propre du temps, et que nous le mesurions. [73] En effet, ce n’est pas ici un sujet où il s’agisse de démonstration ; il ne demande que de l’attention. Par les jours, les nuits et leurs parties, nous joignons le temps ensemble. Et comme les passions, la tranquillité, le mouvement et le repos que nous éprouvons nous font joindre quelque chose d’accidentel avec ces sentiments, de même aussi, lorsque nous pensons de nouveau à ces parties de la durée, nous leur donnons le nom de temps. Épicure enseigne la même chose dans son second livre de la Nature et dans son grand Abrégé.

« Il ajoute à ce que nous avons dit ci-devant, qu’il faut croire que les mondes ont été produits de tout temps, suivant toutes les sortes de compositions, semblables à celles que nous voyons et différentes les unes des autres par des changements qui leur sont propres, soit grands ou moindres, et que pareillement toutes choses se dissolvent, les unes promptement, les autres plus lentement, les unes et les autres par diverses causes de différente manière. Il paraît de là qu’Épicure faisait consister la corruptibilité des mondes dans le changement de leurs parties. En d’autres endroits, il dit que la terre est portée par l’air comme dans un char ;

[74] il ajoute qu’on ne doit pas croire que les mondes aient nécessairement la même configuration. Au contraire, dans son douzième livre de la Nature, il affirme qu’ils sont différents, les uns étant sphériques, les autres ovales, et d’autres autrement figurés, quoiqu’il ne faille pas supposer qu’il y en ait de toutes sortes de formes. Épicure ne croit pas que l’infini soit la cause des diverses espèces d’animaux, parce qu’on ne saurait dire dans celle supposition pourquoi telles semences d’animaux, de plantes et d’autres choses se trouvent dans tel autre, puisqu’ils reçoivent tous la même nourriture. Il avance les mêmes principes sur ce qui concerne la terre ;

[75] « il croit aussi que les hommes se sont beaucoup instruits par les circonstances des choses qui les environnent et par la nécessité ; et que le raisonnement, s’étant joint ensuite à cette instruction, a examiné les choses plus soigneusement, faisant des découvertes plus promptes sur certaines choses, et plus tardives sur d’autres ; de sorte qu’il y en a qu’il faut placer dans des temps fort éloignés de l’infini, et d’autres dans des temps moins éloignés.

« De là vient, dit-il, que les noms ne furent pas d’abord imposés aux choses à dessein,