Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/493

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visibles qui forme de difficulté à ce qu’il y ait un monde borné d’une manière qui ne nous soit pas compréhensible.

[89] « Et on peut concevoir pur la pensée que le nombre de ces mondes est infini, et qu’il s’en peut faire un tel que je dis, soit dans le monde même, soit dans l’espace qui est entre les mondes, par où il faut entendre un lieu parfaitement vide, et non, comme le veulent quelques auteurs, un grand espace fort pur, où il n’y a point de vide. Ils prétendent qu’il y a des semences qui se séparent d’un ou de plusieurs mondes ou des espaces qui sont entre deux, lesquelles s’augmentent peu à peu, se forment, changent de place selon que cela se rencontre, et reçoivent une nourriture convenable qui les perfectionne et leur donne une consistance proportionnée à la force des fondements qui les reçoivent. [90] Mais ce n’est point assez qu’il se fasse un assemblage, et que cet amas soit accompagné d’un mouvement de tourbillon dans le vide où l’on pense qu’un tel monde se forme nécessairement, ni qu’il prenne des accroissements jusqu’à ce qu’il vienne à rencontrer un autre monde, comme dit un de ces philosophes qui passent pour physiciens ; car cela répugne aux phénomènes.

« Le soleil, la lune et les autres astres, n’ayant point été faits pour exister séparément (07), ont été ensuite compris dans l’assemblage du monde entier. Pareillement, la terre, la mer et toutes les espèces d’animaux, après avoir d1abord reçu leur forme, se sont augmentées par des accroissements à l’aide des mouvements circulaires d’autres choses composées de parties fort menues, soit d’air, soit de feu, ou de tous les deux ensemble ; du moins les sens nous le persuadent ainsi.

[91] « Quant à la grandeur du soleil et à celle de tous les astres en général, elle est telle qu’elle nous paraît, enseigne Épicure dans son livre onzième sur la Nature, où il dit que si l’éloignement ôte quelque chose à la grandeur du soleil, il doit encore perdre beaucoup plus de sa couleur. Nulle distance ne lui convenait mieux que celle où il est, et relativement à sa grandeur naturelle, soit qu’on le conçoive plus grand, ou un peu plus petit qu’il ne semble être, ou tel qu’il nous parait. D’ailleurs, on peut appliquer à cela que la grandeur apparente des feux que nous voyons dans l’éloignement ne diffère pas beaucoup de leur grandeur réelle. On se tirera aisément des difficultés qu’il peut y avoir sur ce sujet, si on n’admet que