Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/495

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comme parmi nous il y a des choses qui (08) ont leurs propriétés d’elles-mêmes, et d’autres qui ne les ont que par communication. Rien n’empêche qu’on ne suppose cela dans les phénomènes célestes, si on se souvient qu’ils peuvent se faire de plusieurs manières différentes, si on réfléchit aux hypothèses et aux diverses causes qu’appuie ce principe, et si on a soin d’éviter les fausses conséquences et les faux systèmes qui peuvent conduire à expliquer ces phénomènes d’une seule manière.

« L’apparence de visage, qu’on voit dans la lune, peut venir, ou des changements qui arrivent dans ses parties, ou de quelque chose qui les couvre, et en général cela peut provenir de toutes les manières dont se font des phénomènes semblables qui ont lieu parmi nous. Il n’est pas besoin d’ajouter qu’il faut suivre la même méthode dans ce qui regarde tous les phénomènes célestes ; [96] car si on établit, par rapport à quelques-uns, des principes qui combattent ceux que nous voyons être vrais, jamais on ne jouira d’une connaissance propre à tranquilliser l’esprit.

« Quant aux éclipses de soleil et de lune, on peut croire que des astres s’éteignent d’une manière pareille à ce qui se voit parmi nous, ou parce qu’il se rencontre quelque chose qui les couvre, soit la terre, soit le ciel, ou quelque autre corps pareil. Il faut ainsi comparer entre elles les manières dont une chose peut naturellement se faire, et avoir égard à ce qu’il n’est pas impossible qu’il se fasse des compositions de certains corps. Épicure, dans son douzième livre sur la Nature, dit que le soleil s’éclipse par l’ombre que lui fait la lune, et la lune par celle que lui fait la terre ; état dont ces astres se retirent ensuite. [97] Tel est aussi le sentiment de Diogène l’épicurien dans le premier livre de ses Opinions choisies.

« Il faut ajouter à cela que ces phénomènes arrivent dans des temps marqués et réguliers, tout comme certaines choses qui se font communément parmi nous, et ne point admettre en ceci le concours d’une nature divine, qu’il faut supposer exempte de cette occupation, et jouissant de toute sorte de bonheur. Si on ne s’en tient à ces règles, toute la science des choses célestes dégénérera en vaine dispute, comme il est arrivé à quelques uns qui, n’ayant pas saisi le principe de la possibilité, sont tombés dans la vaine opinion que ces