Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/82

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et Euryloque de Larisse, refusa leur argent, et ne daigna pas même profiter des invitations qu’ils lui firent de les aller voir. D’ailleurs il vivait avec tant de sobriété, que, quoiqu’Athènes eût souvent été attaquée de la peste, il n’en fut jamais atteint.

Aristote dit qu’il épousa deux femmes : la première, Xantippe, dont il eut Lamproclès ; l’autre, Myrton, fille d’Aristide le Juste, qui ne lui apporta rien en dot et de laquelle il eut Sophronisque et Ménéxène. Quelques uns veulent qu’il épousa Myrton en premières noces ; d’autres, comme en particulier Satyrus et Jérôme de Rhodes croient qu’il les eut toutes deux à la fois. Ils disent que les Athéniens, ayant dessein de repeupler leur ville, épuisée d’habitants par la guerre et la contagion, ordonnèrent qu’outre que chacun épouserait une citoyenne, il pourrait procréer des enfants du commerce qu’il aurait avec une autre personne ; et que Socrate, pour se conformer à cette ordonnance, contracta un double mariage.

Socrate avait une force d’esprit qui l’aidait à se mettre au–dessus de ceux qui le blâmaient ; il faisait profession de savoir se contenter de peu de nourriture, et n’exigeait aucune récompense de ses services. Il disait qu’un homme qui mange avec appétit sait se passer d’apprêt, et que celui qui boit avec plaisir prend la première boisson qu’il trouve ; et qu’on approche d’autant plus de la condition des dieux qu’on a besoin de moins de choses. Il n’y a pas même jusqu’aux auteurs comiques qui, sans y prendre garde, l’ont loué par les choses mêmes qu’ils ont dites pour le blâmer. Aristophane, parlant de lui, dit :

« Ô toi qui aspires à la plus sublime sagesse, que ton sort sera glorieux à Athènes et parmi les Grecs ! »

Il ajoute :

« Pourvu que tu aies de la mémoire et de la prudence, et que tu ne fasses consister les maux que dans l’opinion, tu ne te fatigueras pas, soit que tu te tiennes debout où que tu marches : tu ne sens ni le froid ni la faim ; tu n’aimes ni le vin, ni les festins, ni toutes les choses inutiles. »