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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


Le tableau des misères humaines a été tracé tant de fois par ceux qui ont écrit sur l’homme, qu’on doit naturellement souhaiter qu’il se trouve des philosophes qui s’appliquent à le peindre en beau. On ne saurait trop relever son excellence ; l’éloge qu’on en fait est un encouragement à la vertu ; il est un des appuis les plus forts qu’on puisse prêter à la faiblesse humaine.

Un tableau tiré d’après l’histoire, qui représenterait les plus sublimes traits de la nature humaine, et où l’art du peintre en aurait disposé le plan de manière que les vertus les plus héroïques, les actions les plus nobles et les talents les plus distingués s’avanceraient jusque sur le devant de la scène, tandis que les vertus, les actions et les talents médiocres seraient distribués sur les côtés, et que les vices et les défauts iraient se perdre dans le lointain : un tel tableau ne pourrait être vu sans échauffer le cœur, ni sans donner une grande idée de l’homme.

Comme il est, au moins, aussi important de rendre les hommes meilleurs que les rendre moins ignorants, il convient de recueillir tous les traits frappants des vertus morales. Pourquoi se montre-t-on si attentif à conserver l’histoire des pensées des hommes, tandis qu’on néglige l’histoire de leurs actions ? celle-ci n’est-elle pas la plus utile ? n’est-ce pas celle qui