Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/94

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nombre d’esclaves; lui-même se rendit d’abord à Eles, puis à l’endroit où était sa famille; et de là il partit avec elle pour Corinthe, où il fixa son séjour. Cependant les Athéniens résolurent de secourir les Lacédémoniens, que leurs ennemis avaient réduits à une fâcheuse situation : Xénophon envoya ses fils à Athènes combattre pour les Lacédémoniens, chez lesquels ils avaient été élevés, à ce que dit Dioclès dans les Vies des Philosophes. L’un d’eux, nommé Diodore, revint du combat sans avoir fait aucune action de marque, et eut une fils qui porta le même nom que son frère. Pour Gryllus, il combattit avec beaucoup de courage parmi la cavalerie, et mourut glorieusement dans la bataille qui se donna près de Mantinée, sous la conduite de Céphisodore, qui était général de la cavalerie, et sous les ordres d’Agésilas, qui commandait l’armée en chef, selon le rapport d’Éphore, au vingt-cinquième livre de ses Histoires. On raconte que Xénophon faisait un sacrifice, avec une couronne sur la tête, lorsqu’on vint lui apprendre le succès de cette bataille, où Épaminondas, général des Thébains, avait aussi perdu la vie; qu’à la nouvelle du malheur arrivé à son fils, il ôta sa couronne, mais qu’il la reprit lorsqu’on lui eut dit le courage avec lequel il avait combattu. On assure même que, bien loin de répandre des larmes, il dit d’un œil sec : Je savais que je l’avais mis au monde pour mourir. Aristote cite plusieurs écrivains qui ont fait l’éloge et l’épitaphe de Gryllus, en partie pour faire plaisir à son père. Hermippe, dans la Vie de Théophraste, dit que Socrate a aussi composé le panégyrique de Gryllus; ce qui porta Timon à le blâmer, en disant « qu’il avait fait deux ou trois livres, ou un plus grand nombre, de la même espèce que les ouvrages peu propres à persuader qu’ont fait Xénophon et Eschine.

Ainsi vécut Xénophon, dont la réputation s’accrut surtout la quatrième année de la quatre-vingt-quatorzième olympiade. Il suivit Cyrus en Grèce, pendant l’archontat de Xénénète, un an avant la mort de Socrate. Stésiclide