Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/219

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donna occasion à Carnéade de l’appeller Chrypsippe, au-lieu de Chrysippe [1]. On lui reprochait qu’il n’allait pas aux leçons d’Ariston, qui avoit un grand nombre de disciples. Si j’avais pris garde au grand nombre, répondit-il, je ne me serais pas adonné à la philosophie. Un dialecticien obsédait Cléanthe & lui proposait des sophismes. Cessez, lui dit Chrysippe, de détourner ce sage vieillard de choses plus importantes, & gardez vos raisonnemens pour nous, qui sommes plus jeunes. Un jour qu’il étoit seul avec quelqu’un à parler tranquillement sur quelque sujet, d’autres s’approcherent & se mêlerent de la conversation. Chrysippe, s’appercevant que celui, qui lui parlait, commençait à s’échauffer dans la dispute, lui dit : Ah ! [2]frere, je vois que ton visage se trouble. Quittes promptement cette fureur, & donnes-toi le tems de penser raisonnablement. Il étoit fort tranquille lorsqu’il étoit à boire, excepté qu’il remuait les jambes ; de sorte que sa servante disoit qu’il n’y avoit que les jambes de Chrysippe qui fussent yvres. Il avoit une si haute opinion de lui-même, que quelqu’un lui ayant demandé à qui il confierait son fils, il répondit, A moi. Car si je savais que quelqu’un me surpassât en science, j’irias dès ce moment étudier sous lui la philosophie.

  1. Chrysippe veut dire caché par un cheval, & Chrypsippe signifie un cheval d’or.
  2. Vers d’Euripide dans Oreste. Menage.