Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/321

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Zénon fut jetté j& misen piéces dnas un mortier. Cette opinion est celle qu nous avons suivie dans ces vers sur le sort du Philosophe.

Affligé de la déplorable oppression d’Elée ta patrie, tu veus, courageux Zénon, en être le libérateur. Mais le Tyran, qui échappe à ta main, te saisis de la sienne, & t’écrases, par un cruel genre de supplice, dans un mortier à coups de pilon.

Zénon étoit encore illustre à d’autres égards. Semblable à Héraclite, il avoit l’ame si élevée, qu’il méprisoit les Grands. Il en donna des preuves en ce qu’il préféra à la magnifience des Athéniens Elée sa patrie, chetive ville, autrefois appellée Hyelé & colonie des Phocéens ; mais recommandable pour la probité de ses habitans. Aussi alloit-il peu à Athenes, se tenant chez lui la plûpart du tems.

Il est le premier qui dnas la dispute ait fait usage de l’argument, connu sous le nom d'Achille, quoi qu’en puisse dire Phavorin, qu icite avant lui Parmenide & plusieurs autres.

Il pensoit qu’il y a plusieurs mondes, & point de vuide ; que l’essence de toutes choses est composée des changemens réciproques du chaud, du froid, du sec & de l’humide ; que les hommes sont engendrés de la terre, & que l’ame est un mêlange des élemens dont nous avons parlé ; mais en telle proportion, qu’elle ne tient pas plus de l’un que de l’autre.