Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/349

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oublioit son systême, que ce m'étoit d'une petite demme que dépendoit la preuve de son indifférence. Une autre fois qu'il se vit attaqué par un chien, il le repoussa; sur quoi ayant été repris de sa vivacité, il dit: Il est difficile à l'homme de se dépouiller tout à fait de l'humanité.Il faut y travailler de toutes ses forces, d'abord en réglant ses actions; & si on ne peut réussir par cette voye, on doit employer la raison contre tout ce qui révolte nos sens.

On raconte que lui étant venu un ulcere, il souffrit les emplâtres corrosifs, les incisions & les remedes caustiques, sans froncer le sourcil. Timon trace son caractere dans ce qu'il écrit à Python. Philo d'Athenes, son ami, dit aussi qu'il parloit souvent de Démocrite, & qu'il admiroit Homere, dont il citoit fréquemment ce vers :

Les hommes ressemblent aux feuilles des arbres.

Il approuvoit la comparaison que ce Poëte fait de hommes avec les mouched & les oiseaux, & repetoit souvent ces autres vers:

Ami, tu meurs, mais pourquoi répandra des armes inutiles? Patrocle, cet homme bien au-dessus de toit, a cessé de vivre & n'est plus.

En un mot il goûtoit tout ce que ce Poëte a avancé sur l'incertitude des choses humaines, sur la vanité des hommes & sur leur puérilité.