Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/50

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l’espion de ta cupidité ; ce qui émut tellement Philippe, qu’il le laissa aller. Un jour Alexandre chargea un nommé Athlias de porter à Athènes une lettre pour Antipater. Diogène, qui étoit présent, dit qu’on pouvait dire de cette lettre, qu’Athlias l’envoyait d’Athlias par Athlias à Athlias[1]Perdicéas l’ayant menacé de le faire mourir s’il ne se rendait auprès de lui, il répondit qu’il ne ferait rien de fort grand par là, puisqu’un escarbot, & l’herbe Phalange, pouvoient faire la même chose. Bien au contraire il renvoya pour menace à Perdicéas, qu’il vivrait plus heureux s’il vivait sans voir Diogène. Il s’écriait souvent que les Dieux avoient mis les hommes en état de mener une vie heureuse ; mais que le moyen de vivre ainsi n’étoit pas connu de ceux qui aiment les tartes, les onguents & autres choses semblables. Il dit à un homme qui se faisait chausser par son Domestique, qu’il ne serait heureux que lorsqu’il se ferait aussi moucher par un autre ; ce qui arriverait, s’il perdait l’usage des mains. Il vit un jour les Magistrats, qui présidoient aux choses saintes[2] accuser un homme d’avoir volé une fiole dans le Trésor ; sur quoi il dit,


  1. Jeu de mots sur Athlios, terme grec qui signifie misérable.
  2. Les Hiéromnémones. Etienne dit qu’un appelait spécialement ainsi les députés de chaque ville au Conseil des Amphictyons.