Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/61

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mauvais. Je l’avoue, répondit Diogène, tu n’es pas plus mauvais, mais plus relâché. Il demandait quelque chose à un homme fort difficile, qui lui dit : „Si vous venez à bout de me le persuader”. Si je pouvais vous persuader quelque chose, répondit Diogène, ce serait d’aller vous étrangler. Revenant un jour de Lacédémone à Athènes, il rencontra quelqu’un qui lui demanda d’où il venait & où il allait : De l’appartement des hommes à celui des femmes[1], répondit-il. Une autre fois, qu’il revenait des Jeux Olympiques, on lui demanda s’il y avoit beaucoup de monde ; Oui, dit-il, beaucoup de monde ; mais peu d’hommes. Il disoit que les gens perdus de mœurs ressemblent aux figues qui croissent dans les précipices, & que les hommes ne mangent point ; mais qui servent aux corbeaux & aux vautours. Phryné ayant offert à Delphes une Vénus d’or, il l’appela la preuve de l’Intempérance des Grecs. Alexandre s’étant un jour présenté devant lui, & lui ayant dit, „Je suis le grand monarque Alexandre”. Et moi, répondit il, je suis Diogène le Chien. Quelqu’un lui demanda ce qu’il avoit fait pour être appelé Chien ; à quoi il répondit : C’est que je caresse ceux qui me donnent quelque chose, que j’aboie après d’autres qui ne me donnent rien,


  1. Voyez sur ces appartements des femmes un passage de Corn. Népos dans sa préface.