Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/64

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On le blâmait de ce qu’il entrait dans des endroits sales ; Et le Soleil, dit-il, entre bien dans les latrines, sans en être sali. Un jour qu’il prenait son repas dans un Temple, il y vit apporter des pains mal-propres ; il les prit & les jeta au loin, en disant, qu’il ne devait entrer rien d’impur dans les lieux saints. Quelqu’un l’interrogea pourquoi, tandis qu’il ne savoit rien il professait la Philosophie. Il répondit : Quand je ne ferais que contrefaire la sagesse, en cela même je serais Philosophe. Un autre lui présenta son enfant, dont il lui vantait le génie & la tempérance ; Si cela est, lui dit-il, en quoi a-t-il donc besoin de moi ? Il disoit que ceux, qui parlent des choses honnêtes & ne les pratiquent pas, ressemblent à un instrument de Musique[1], qui n’a ni ouïe, sentiment. Il entrait au Théâtre, en tournant le dos à ceux qui en sortoient ; & comme on lui en demandait la raison, il répondit ; que c’étoit ce qu’il avoit toujours tâché de faire toute sa vie. [2] Il reprit un homme qui affectait des airs efféminés. N’êtes-vous pas honteux, lui dit-il, de vous rendre pire que la Nature ne vous a fait ? Vous êtes homme, & vous vous efforcez de vous rendre femme. Une autre fois il vit un homme, déréglé dans ses mœurs,

  1. Le mot Grec est Cistre. Selon H. Étienne, c’étoit un instrument à vingt-quatre cordes.
  2. C’est-à-dire, le contraire des autres.