Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/102

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métier infâme ; ce fut Socrate qui détermina Criton à le racheter et en fit un grand philosophe.

Pendant ses loisirs il apprenait à jouer de la lyre, disant qu’il n’y a pas de honte à apprendre ce qu’on ne sait pas. Xénophon dit aussi, dans le Banquet, qu’il s’exerçait souvent à la danse et qu’il la croyait utile à l’entretien de la santé.

Il prétendait qu’un génie familier lui faisait connaître l’avenir. « Bien commencer, disait-il, ce n’est pas peu de chose, mais ce n’est pas beaucoup. » Il disait encore qu’il ne savait rien, une seule chose exceptée, à savoir qu’il ne savait rien ; qu’acheter des fruits précoces, c’est désespérer de vivre jusqu’au temps de la maturité. Quelqu’un lui ayant demandé quelle était la première des vertus pour le jeune homme : « Rien de trop, » dit-il. Il conseillait d’étudier la géométrie, mais seulement ce qu’il en faut pour mesurer un champ, quand on le prend ou qu’on le donne à ferme. Euripide ayant dit de la vertu, dans la pièce intitulée Augé :

Le mieux est de laisser cela de côté ;

il se leva et sortit en s’écriant : « Quel ridicule ! On cherche un esclave quand il ne se retrouve pas, et on laisserait ainsi la vertu se perdre ! » Quelqu’un lui demandait s’il devait ou non se marier : « Quoi que tu fasses, répondit-il, tu t’en repentiras. » Il s’étonnait, disait-il, de ce que les statuaires fissent tous leurs efforts pour façonner la pierre à l’image de la nature, et se donnassent si peu de peine pour ne pas ressembler eux-mêmes à la pierre. Il engageait les jeunes gens à se regarder souvent dans le miroir, afin que, s’ils étaient beaux, ils se rendissent dignes de leur