Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/116

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La pauvreté le contraignit, dit-on, à aller en Sicile, auprès de Denys. Platon refusa de le servir ; mais, recommandé par Aristippe, il put lire au tyran quelques-uns de ses dialogues, et eut part à ses libéralités. De retour à Athènes, il n’osa pas ouvrir une école publique, à cause de la réputation de Platon et d’Aristippe ; il lui fallut se contenter de donner quelques leçons, moyennant salaire. Plus tard, il se mit à composer des discours judiciaires. Timon en parle en ces termes :

Les harangues d’Eschine, qui ne persuadent personne.

On prétend que Socrate, le voyant dans la misère, lui conseilla de prendre à usure sur lui-même en se retranchant une partie de sa nourriture. Aristippe lui-même a tenu ses dialogues pour suspects ; car on raconte que lorsque Eschine les lui lut, à Mégare, il lui dit d’un ton railleur : « Plagiaire, où as-tu pris cela ? » Polycritus de Mendes[1] dit, au premier livre de la Vie de Denys, qu’il vécut avec Carcinus le comique[2] à la cour du tyran, jusqu’à sa chute et au retour de Dion à Syracuse. On a encore une lettre d’Eschine à Denys. Son discours pour le père de Phéacus le général, et l’habileté avec laquelle il imite Gorgias de Léontium prouvent un grand talent oratoire. Lysias avait composé contre lui une diatribe intitulée de la Calomnie ; preuve nouvelle qu’il était versé dans l’art oratoire. On dit qu’il avait pour ami un certain Aristote surnommé Mythus.

Au reste, de tous les dialogues communément appelés socratiques, Panétius ne reconnaît pour authen-

  1. Ville de Sicile.
  2. Carcinus était un tragique.