Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/120

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« Devine. — Tu te moques, reprit Aristippe ; elle m’ennuie déjà assez sans être devinée. »

Il disait qu’il vaut mieux être mendiant qu’ignorant, parce que, dans le premier cas, on ne manque que d’argent, et que dans le second cas on manque de ce qui fait l’homme.

Injurié par quelqu’un, il doubla le pas. « Pourquoi fuis-tu ? lui dit l’autre. — Parce que tu as le droit de me dire des injures, répondit-il, et moi celui de ne pas les entendre. »

On lui disait une autre fois qu’on voyait toujours les philosophes assiéger la porte des riches. « Les médecins aussi, reprit-il, sont assidus auprès des malades ; et pourtant il n’y a personne qui aime mieux rester malade que de recourir à la médecine. »

S’étant embarqué pour Corinthe, il fut surpris par une tempête et éprouva un moment de crainte. Quelqu’un s’en aperçut et lui dit : « Nous autres ignorants nous n’avons pas peur, et vous, philosophes, vous tremblez. — Je le conçois, dit-il, nous n’avons pas la même vie à conserver. »

Quelqu’un se vantant devant lui de l’étendue de ses connaissances, il lui dit : « Ceux qui mangent avec excès et qui prennent un exercice forcé ne se portent pas mieux que ceux qui se contentent du nécessaire  ; de même aussi, on doit regarder comme savants, non pas ceux qui ont beaucoup lu, mais ceux qui se sont attachés à des choses utiles. »

Un orateur, qui avait plaidé une cause pour lui, lui dit après l’avoir gagnée : « À quoi t’ont servi pour ta défense les leçons de Socrate ? — Le voici, reprit-il : elles ont fait que ce que tu as dit de moi fût vrai. »

Il inspirait de nobles sentiments à sa fille Arété, et lui enseignait surtout à éviter tout excès.