Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/131

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dans les autres sciences ? ils leur donnent une solution affirmative. Enfin ils admettent que les hommes ne sont pas tous également sensibles à la douleur, et que les sensations ne sont pas toujours vraies.

Pour les hégésiaques, comme pour les cyrénaïques, il n’y a que deux principes d’action, le plaisir et la douleur. La reconnaissance, l’amitié, la bienveillance, n’ont aucune valeur propre ; nous ne recherchons pas ces sentiments pour eux-mêmes, mais en vue de l’utilité, et, l’utilité cessant, ils s’évanouissent. Le bonheur parfait est impossible ; car le corps est sujet à mille maux, l’âme ressent toutes les douleurs du corps, indépendamment de ses propres agitations ; la fortune trompe souvent nos espérances ; autant de causes qui nous empêchent d’arriver au bonheur. La mort n’est pas moins désirable que la vie. Rien n’est agréable ni désagréable en soi ; car la rareté des choses, leur nouveauté, la satiété, les rendent agréables aux uns, désagréables aux autres. La pauvreté n’a rien à envier à la richesse sous le rapport du plaisir ; car le riche ne le ressent pas autrement que le pauvre ; la liberté ou l’esclavage, une naissance illustre ou vulgaire, la gloire ou l’obscurité sont également indifférentes. Pour la multitude ignorante la vie est un bien ; le sage n’y attache aucun prix. Le sage, en toutes choses, n’a en vue que lui-même ; car il se regarde comme supérieur à tous les autres hommes, et les biens qu’il peut en recevoir, quelque grands qu’ils soient, ne valent pas ce qu’il donne en retour. Les sens ne donnent pas la certitude.

Ils disent encore que si un homme paraît agir en toutes choses contre la raison, il faut être indulgent pour ses fautes ; car sa volonté n’y est pour rien ; il cède à l’entraînement aveugle de quelque passion ; au