Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/142

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Stilpon qu’elle le déshonorait. « Je l’honore encore plus, » répondit-il.

Ptolémée Soter lui témoigna, dit-on, beaucoup d’estime : lorsqu’il se fut emparé de Mégare, il lui donna de l’argent et l’engagea à l’accompagner en Égypte ; mais Stilpon n’accepta qu’une faible somme et, pour échapper à la nécessité de s’embarquer avec Ptolémée, il se retira à Égine jusqu’au départ de ce prince. Lorsque Démétrius, fils d’Antigone, s’empara de Mégare, il ordonna de respecter la maison de Stilpon et voulut qu’on lui restituât tout ce qu’on lui avait enlevé ; dans ce but, il lui demanda une liste de ce qu’il avait perdu : « Je n’ai rien perdu, dit-il, car personne n’a touché à ce qui m’appartient en propre, mon éloquence et ma science ; » et à cette occasion il l’exhorta avec tant de chaleur à se montrer clément et généreux, que le roi céda à ses conseils.

On dit qu’il fit un jour cette question au sujet de la Minerve de Phidias : « Minerve, fille de Jupiter, est-elle un dieu ? — Oui, sans doute. — Celle-ci n’est pas la Minerve de Jupiter : c’est celle de Phidias ? — D’accord. — Elle n’est donc pas un dieu. » Il fut cité à ce propos devant l’Aréopage ; mais, bien loin de se rétracter, il soutint qu’il avait raisonné juste, puisque Minerve n’est pas un dieu, mais une déesse. Il n’en fut pas moins condamné par l’Aréopage à quitter immédiatement la ville. Théodore Théos dit plaisamment à ce sujet : « Comment Stilpon savait-il que Minerve est une déesse ? Est-ce qu’il avait relevé son manteau ? » Théodore affectait une grande licence de langage ; Stilpon au contraire était plein de réserve. Cratès lui ayant demandé si les prières et les supplications étaient agréables aux dieux : « Imprudent, lui dit-il, ne me demande pas cela en public ; attends que nous soyons