Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/154

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Voici comment étaient réglés ses repas[1] : il dînait en compagnie de deux ou trois personnes, et le repas se prolongeait jusqu’à une heure avancée de la journée ; ensuite il faisait appeler les visiteurs, qui déjà avaient dîné de leur côté. Quand on arrivait trop tôt, on se promenait en attendant et on demandait à ceux qui sortaient ce qui était sur la table et où en était le dîner. S’il n’en était encore qu’aux légumes et au poisson, on se retirait ; aux viandes, on entrait. L’été, les lits étaient couverts de nattes et l’hiver, de peaux de brebis ; quant au coussin, il fallait l’apporter avec soi. Le verre dans lequel on buvait à la ronde était fort petit. Les desserts se composaient de lupins ou de fèves ; quelquefois, selon la saison, de poires, de grenades, de petits pois, ou de figues. Tous ces détails sont tirés d’un drame satyrique que Lycophron a composé en l’honneur de notre philosophe, et qu’il a intitulé Ménédème. En voici du reste quelques vers ;

On n’y fait pas grande chère ; une petite coupe circule de main en main et le vin y est mesuré ; de doctes entretiens, voilà le dessert de nos sages.

Au commencement, les Érétriens dédaignaient Ménédème et le traitaient de chien et de visionnaire ; mais dans la suite ils conçurent pour lui une telle estime qu’ils lui confièrent le gouvernement de leur ville. Il fut envoyé en ambassade auprès de Ptolémée et de Lysimaque, et partout il obtint les mêmes témoignages d’estime. Il fut aussi député vers Démétrius, et fit retrancher cinquante talents des deux cents que la ville avait attachés à cette mission. Ac-

  1. Diogène abrège ici un passage d’Antigone de Caryste, cité par Athénée, 1. X.