Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/167

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tour. » Il lui répondit : « Quand je portais les armes, je m’exposais aux dangers pour ma patrie ; maintenant je combats au nom du devoir, et je brave le péril pour un ami. »

Phavorinus dit, au huitième livre des Histoires diverses, qu’il a le premier employé le dialogue. Le premier aussi il a indiqué à Léodamas de Thasos la méthode de résolution par l’analyse[1]. Il s’est le premier servi en philosophie des mots antipodes, éléments, dialectique, acte[2], nombre oblong, surface plane, providence divine. Le premier parmi les philosophes il a réfuté le discours de Lysias, fils de Céphalus ; il rapporte ce discours littéralement dans le Phèdre. Le premier il a soumis à un examen scientifique les théories grammaticales. Enfin il a le premier discuté les doctrines de presque tous les philosophes antérieurs, hormis cependant Démocrite. On se demande la raison de cette exception. Néanthe de Cyzique dit que lorsqu’il se présenta aux jeux olympiques, il attira les regards de tous les Grecs, et que ce fut là qu’il eut un entretien avec Dion, au moment où celui-ci se préparait à attaquer Denys. On lit aussi dans le premier livre des Commentaires de Phavorinus, que Mithridate de Perse éleva à Platon une statue dans l’Académie, avec cette inscription : « Mithridate de Perse, fils de Rhodobatus, a consacré aux Muses cette statue de Platon, ouvrage de Sisanion. »

Héraclide dit que Platon était si réservé et si posé dans sa jeunesse, qu’on ne le vit jamais rire outre mesure. Cependant sa modestie ne le garantit pas des

  1. Celle qui consiste à ramener le problème à un ou plusieurs principes incontestables.
  2. Ποιήματα ; c’est l’acte considéré dans le sujet passif et non dans l’agent.