Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

blesse de ses sentiments lui avait concilié l’estime universelle à Athènes. Cependant il vivait isolé, se renfermant dans son jardin, auprès duquel ses disciples s’étaient construit de modestes demeures, à portée de son école.

Polémon paraît avoir pris pour modèle en tout Xénocrate, auquel il avait lui-même inspiré une vive passion, suivant Aristippe, au quatrième livre de la Sensualité antique. Il avait sans cesse à la bouche le nom de Xénocrate, et, semblable à une maison dorienne, grave et sévère, il s’était paré de la pureté, de la gravité, de la sévérité de son maître. Il aimait beaucoup Sophocle, surtout dans les passages où, suivant l’expression d’un comique, il paraît avoir eu pour collaborateur un chien molosse ; dans ceux où il ne verse pas.

Un vin doux et mélangé, mais un vin généreux de Pramnos.

Aussi disait-il qu’Homère était un Sophocle épique et Sophocle un Homère tragique.

Il mourut d’épuisement, dans un âge avancé, laissant un assez grand nombre d’ouvrages.

J’ai fait sur lui ces vers :

Passant, n’entends-tu pas ? je couvre Polémon qu’a conduit ici un mal cruel, l’épuisement. Que dis-je ? ce n’est pas Polémon, car il n’a laissé que son corps à la terre au moment où il s’est élancé vers les astres.